3 Août 2013
La majorité de nos concitoyens savent que des efforts doivent être consentis et qu’il faut trouver de l’argent. Mais pour les convaincre, il n’est pas besoin d’avoir recours à des messages négatifs. Ceux qui parfois opposent les riches aux pauvres, les familles aux célibataires, ou encore les mariés aux pacsés, etc. Les familles ne sont pas non plus des « privilégiées », bénéficiant « d’avantages », avec des allocations qui seraient utilisées comme de « l’argent de poche ».
Au delà de ces formules malheureuses, les débats récents sur la politique familiale, largement relayés dans les médias, ont été passionnants. Et ils sont loin d’être épuisés. Notre thème d’Assemblée Générale « l’évolution des aides aux familles et l’avenir de la politique familiale » va nous permettre de poursuivre la réflexion.
Car, au fond, au-delà des questions comptables et des difficultés conjoncturelles : quelle politique familiale voulons-nous ? Au-delà des raccourcis médiatiques et politiques, qu’est-ce qu’une politique familiale « moderne » ? Qu’est-ce qu’une politique familiale « juste » ?
On a beaucoup entendu ceux qui défendent l’idée que la famille, le fait d’avoir des enfants, relèveraient de choix purement privés, de libertés individuelles, dans lesquels les pouvoirs publics n’auraient pas à intervenir. Les mêmes, souvent, nous disent « qu’on ne fait pas des enfants pour les allocs », que les parents ont davantage besoin de services que d’argent, surtout les familles dites « aisées » que l’on se garde bien, d’ailleurs, de définir…
Il serait utile de leur rappeler le rôle majeur de solidarité assuré par les familles : solidarités entre les générations, solidarités au sein des couples. 74% des couples mariés mettent l'intégralité de leurs revenus en commun. Dans un contexte où chaque conjoint peut être frappé par le chômage, cette première solidarité, celle entre les époux, celle qui justifie le quotient conjugal, joue à plein. Grâce à ces solidarités, la collectivité publique dépense moins, et fonctionne mieux. C’est pourquoi les politiques doivent les soutenir et les encourager.
Quant à la démographie, sans être « l’alpha et l’omega » de la politique familiale, c’est un objectif parfaitement compatible avec les choix individuels des personnes. Selon le Conseil d’Orientation des Retraites, une baisse de la fécondité de 0,2 enfants d’ici 2050, provoquerait 29 milliards d’euros de déficits supplémentaires pour les retraites !
Les besoins réels des familles, nous les connaissons bien grâce aux associations familiales, et aux représentations que nous assurons. Dans nos enquêtes, nous constatons des résultats beaucoup plus nuancés que ceux de certains sondages. Il faut dire qu’avec des questions biaisées, du type « préférez-vous que ce soient les plus riches qui paient ? », je vous laisse imaginer les taux d’adhésion spectaculaires qu’ils peuvent faire ressortir !
Nous venons de réaliser au plan national, avec notre réseau de l’Observatoire des Familles, et avec l’aide de la CNAF, une enquête qui porte sur le « désir d’enfant ». Notre objectif était d’examiner les freins ou les éléments qui facilitent la concrétisation de ce projet. Un questionnaire a été envoyé à plus de 11 000 familles.
- Elles ne mettent pas l’argent au premier plan de leur désir d’enfants : près de 60% trouvent surtout important d’être en couple stable.
- Mais un tiers d’entre-elles, tout de même, disent attendre d’avoir assez d’argent pour avoir d’autres enfants.
- Parmi les familles qui ont renoncé à avoir plus d’enfants, 28% disent qu’élever un enfant de plus aurait coûté trop cher : c’est une des premières raisons invoquées !
- Autre préalable : la taille du logement. Pour 60% des familles c’est un facteur déterminant.
A contrario, parmi les facteurs d’incitation, les familles citent dans l’ordre : le congé parental, la proximité de la famille, la taille du logement et les prestations familiales.
Donc, oui, on ne « fait » pas d’enfant pour les allocations. Mais pour vouloir agrandir sa famille, il faut un logement assez grand, des ressources suffisantes, des congés pour pouvoir profiter des premiers mois ou des premières années de son enfant.
De même si la conciliation vie familiale/vie professionnelle est une des priorités, la politique familiale ne peut se résumer à proposer des services et à s’occuper de la petite enfance. 57% des familles que nous avons interrogées, se sont senties soutenues par les mesures de politique familiale. C’est un résultat massif dont il faut tenir compte.