10 Juin 2014
ETONNANT !
Pour des raisons budgétaires, près de la moitié des Français (48% selon une étude Cetelem réalisée du 24 février au 2 mars 2014 auprès d'un échantillon représentatif de 5.111personnes âgées de 18 ans et plus. Méthode des quotas) seraient prêts à vivre avec leurs parents, voire même avec leurs grands-parents, plutôt que de placer ceux-ci dans une maison de retraite.
Ces déclarations d'intention sont d'autant plus surprenantes que les ménages français tiennent à leur autonomie, et que le temps où plusieurs générations partageaient le même toit semble bien loin. (...) Plus sûrement encore, il faut y voir l'effet de la crise économique et de la stagnation du pouvoir d'achat de certains français. Car l'accueil en maison de retraite coûte en moyenne 1.500€ par mois dans un établissement classique, et même plus de 2.000€ dans les structures médicalisées accueillant des personnes âgées dépendantes (les Ehpad). Des montants souvent bien supérieurs aux pensions de retraite elles-mêmes. L'hébergement en institution devient alors inenvisageable, en dépit des aides financières accordées par les conseils généraux, car ces aides ne sont, en fait, que des avances -récupérables sur les successions.
Pour les enfants, le calcul est vite fait. Si les conditions le permettent -proximité du lieu de travail notamment-, ils préfèrent se rapprocher de leurs parents, en les hébergeant ou en s'installant chez eux. Autre renseignement de l'enquête, plus leurs revenus sont modestes, plus ils sont nombreux à vouloir franchir le pas : 58% de ceux qui se déclarent prêts à vivre en coloc avec leurs aïeux ont des revenus mensuels inférieurs à 1.500€, contre 45% seulement chez ceux qui gagnent plus de 1.500€.
Un important clivage sépare également ceux qui ont moins, ou plus, de 50 ans. Dans la première catégorie, ils sont 56% à envisager cette éventualité -ce pourcentage tombe à 36% chez les quinquagénaires et plus. Mais la part de ceux qui déclarent être prêts à vivre auprès de leurs parents, reste en tous cas assez importante (57%) chez les personnes qui assument déjà une fonction d'aidant. Et vivent donc, déjà, à proximité.
Curieusement, enfin, les habitants de Rhône-Alpes sont les plus nombreux à prévoir de vivre auprès de leurs parents (53%) plutôt que de les confier à une maison de retraite. A l'autre bout, les habitants des Pays de Loire sont les plus réticents (40%).
Article de Bruno Mazurier - Le Parisien 4 juin 2014.